Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

costumée et ceinte d’une écharpe tricolore en bandoulière, jeune, jolie et blonde, réunissait d’assez nombreuses pratiques autour de son barroom en plein vent. Un peu plus loin, une concurrence essayait déjà de contre-carrer ce succès, mais inutilement ; la cantinière rivale était brune et n’avait pas la même grâce mutine.

Par leur ton de sapin neuf, les baraquements destinés aux mobiles tranchaient sur les teintes grises des vieilles bâtisses, et çà et là quelques tentes rappelaient l’idée du bivouac. De noires traces de fumée montraient qu’on n’avait pas tenu compte de l’inscription défendant de faire du feu le long des murailles de jardin. Des tas de cendres, des tisons à demi brûlés entre deux pavés ou deux briques montraient la place des cuisines improvisées. Une fabrique de fascines, vraie industrie de siége, s’était installée dans l’abandon d’un vaste enclos. Des charrettes pesamment chargées creusaient encore les ornières de la rue, dont on réparait le macadam, et les chevaux inquiets dressaient l’oreille au passage haletant de la locomotive et des wagons, que rien ne séparait de la voie commune.

Le chemin, à partir du fleuve, va toujours en