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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/105

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Lord Durley.

J’en crois votre parole et ses yeux francs où brille
Une honnête fierté de chaste jeune fille ;
Si son cœur n’a pas fait, pour mon malheur, un choix,
Je demande sa main une seconde fois.

Georges.

Une seconde fois, moi, je vous la refuse.

Lord Durley.

Alors, ne soyez pas surpris, monsieur, si j’use
Des armes que fournit l’arsenal amoureux
Contre l’entêtement des tuteurs rigoureux ;
J’y déterrerai bien quelque vieux stratagème
Pour voir Lavinia, lui dire que je l’aime
Et, mettant à ses pieds ma fortune et mon nom,
Savoir si, comme vous, elle répondra non.

Georges.

Je vous empêcherai.

Lord Durley.

Je vous empêcherai.Ce sera difficile.
Un tuteur ne peut pas séquestrer sa pupille.
Elle habite un hôtel et non pas une tour
Avec pont-levis, herse, et fossés tout autour ;
Et, comme au temps jadis, y fût-elle murée,
Je n’aurai de repos que l’en ayant tirée.
— Une clef d’or crocliette une porte d’airain ;
Si la porte tient bon, je creuse un souterrain,
Et si la sape manque, à temps contre-minée,
Je descends par le toit ou par la cheminée.

Georges.

Je l’enverrai plutôt au bout du monde.

Paul, à part.

Je l’enverrai plutôt au bout du monde.Bien !

Lord Durley.

J’en suis charmé. — Je sais la route, car j’en viens.