Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/104

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Lord Durley.

Elle est trop jeune.Elle a seize ans bientôt, cher comte ;
Et l’amour, sur ses doigts, en souriant les compte.

Paul, à part.

Cardillac ne veut pas lâcher son diamant.

Lord Durley.

Elle ne peut rester fille éternellement,
À voir pâlir sa joue et sa beauté décroître ;
Et votre intention n’est pas qu’elle entre au cloître ?

Georges.

Ce n’est pas une affaire à conclure en un jour.

Lord Durley.

Non, mais en attendant je puis faire ma cour.
Quelle objection faire à ma demande ? aucune ;
Honorabilité, rang, titre, âge, fortune,
J’ai tout ce qu’on exige, et je puis, sans orgueil,
Frapper à toute porte, étant sûr de l’accueil.

Georges.

Lavinia ne voit ni ne reçoit personne.

Lord Durley.

Ah ! je devine. — Ainsi que plus d’un le soupçonne,
Vous êtes marié — morganatiquement,
Et chez vous, le tuteur prête un masque à l’amant :
J’y songe tard ! Pardon pour tant de maladresse.
Le tuteur est amant, la pupille est maîtresse ;
Et, Rosine changeant les groupes du tableau,
Du comte Almaviva rit avec Bartholo !
Dans un bonheur caché j’entre, et je le dérange.
Pardon !

Georges.

Pardon !Que dites-vous ! ma pupille est un ange,
Pure comme celui qui veille à son côté ;
Elle en a l’innocence ainsi que la beauté.