Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/119

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Georges.

Lavinia, ménage un peu ton chaperon…
Qu’as-tu fait ce matin ?

Lavinia.

Qu’as-tu fait ce matin ?D’abord j’ai lu Byron,
J’ai joué des morceaux de la Marche funèbre
Et l’lnvitation à la valse de Webre ;
Puis, pour me dérider, passant à Rossini
Avec sa tarentelle à six-huit, j’ai fini
Mamma mia, mamma mia ! — Je me croyais encore
À Sorrente, et mes pieds, sur le rhythme sonore,
Dansaient en même temps ce que chantaient mes mains…
Montons-nous à cheval aujourd’hui ?

Georges.

Montons-nous à cheval aujourd’hui ?Les chemins
Sont rompus, et le ciel est tout haché de pluie.

Lavinia.

Quel dommage !

Georges.

Quel dommage !Rester à la maison t’ennuie ?

Lavinia.

Auprès de toi, jamais, cher Georges ! — Seulement
Cela m’eût fait plaisir de sortir ma jument
Et d’essayer au Bois mon amazone neuve.
Affreux climat ! il faut qu’il neige ou bien qu’il pleuve !
Ô mon beau ciel de Naple immuablement pur,
Qu’un flot moins bleu que lui berce dans son azur !

Georges.

Le regretterais-tu ?

Lavinia.

Le regretterais-tu ?Non ! ta France chérie
Est maintenant pour moi comme une autre patrie ;
Je ne regrette rien.