Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/193

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Pierrot, à part.
Portez. Hai !

Arlequin.
Portez. Hai ! Sans frayeur tu verras mon museau
Mettre un baiser d’ébène aux roses de ta peau ?…

Colombine.
Je suis brave, essayez…
––Pendant le monologue qui suit, Arlequin caresse Colombine.

Pierrot, à part.
Je suis brave, essayez… Ah ! la chienne ! ah ! l’infâme !
Mais que dis-je ? Moi mort, elle n’est plus ma femme ;
Elle est veuve. J’allais faire un coup maladroit.
D’embrasser Arlequin, certe, elle a bien le droit.
Comme ils s’aiment ! J’ai là dans ce flacon la vie.
Si je le débouchais ? Non ! chassons cette envie ;
Un mari n’est trompé que lorsqu’il est vivant.
La scène chauffe fort, je cours risque, en buvant,
De me ressusciter précisément pour être…
Restons mort, c’est plus sûr…, sauf plus tard à renaître.

Colombine.
Calmez-vous, Arlequin.

Arlequin.
Calmez-vous, Arlequin.Non ! encore un baiser !

Colombine.
Point.

Arlequin.
Point. Si fait, rien qu’un seul !

Colombine.
Point. Si fait, rien qu’un seul !Voulez-vous me laisser !

Arlequin.
Non.

Pierrot, à part.
Non. Arlequin va bien ; je suis content en somme,
Et j’ai pour successeur au moins un galant homme.