Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/194

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Colombine.
Courez chez le notaire afin de le prier
De dresser le contrat et de nous marier ;
Ce sera de vos feux la plus croyable preuve.
–––––––––––––Arlequin sort.



Scène 11



Colombine, seule.


Colombine. –––
Comment m’habillerai-je ? En blanc ? Non, je suis veuve.
De le faire pourtant j’aurais presque le droit,
Car Pierrot, mon défunt, fut un mari bien froid.
En rose ? c’est trop vif ; en bleu clair ? c’est trop tendre ;
Lilas réunit tout, c’est lilas qu’il faut prendre.
––Elle va pour sortir ; en se retournant, elle rencontre Pierrot.
En croirai-je mes yeux ? Ciel ! Pierrot ! mon époux ! ––



Scène 12



Colombine, Pierrot.


Pierrot. –––
Non je ne le suis plus… J’ai tout vu.

Colombine.
Non je ne le suis plus… J’ai tout vu. Vieux jaloux !

Pierrot.
Moi, jaloux ?… Insensible aux plaisirs comme aux peines,
Je ne puis plus souffrir des passions humaines.
Je suis mon spectre.

Colombine.
Je suis mon spectre. Ah bah !