Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/197

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Pierrot.
Mais j’y songe, j’ai là dans ma poche un trésor.
Ce flacon… l’élixir de longue vie…

Arlequin, à part.
Ce flacon… l’élixir de longue vie… Ah ! diantre !

Pierrot.
Et je vais m’en fourrer deux bons coups dans le ventre,
De trois cents ans chacun.

Arlequin, à part.
De trois cents ans chacun. Tâchons de l’empêcher.

Pierrot.
Cette fiole n’est pas aisée à déboucher.

Arlequin.
Ma ruine dépend de cette réussite !
Hélas ! Arlequin meurt si Pierrot ressuscite !
Trouvons quelque moyen qui ne soit pas commun
Pour l’aborder. Hum ! hum !

Pierrot, se retournant.
Pour l’aborder. Hum ! hum ! J’entends tousser quelqu’un.

Arlequin.
Bonjour, seigneur Pierrot !

Pierrot.
Bonjour, seigneur Pierrot ! Cachons bien la bouteille.

Arlequin, à part.
Le flacon sort son col de sa poche ; à merveille !
––Haut.
Et comment menons-nous cette chère santé ? ––

Pierrot.
Mais, pour un trépassé, pas mal, en vérité.

Arlequin.
Vous avez l’air gaillard.

Pierrot.
Vous avez l’air gaillard. Oui. Pourtant, tout à l’heure,
J’espère bien jouir d’une santé meilleure ;