Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Avec l’eau du docteur je veux faire un essai…
Arlequin, vous aimez ma femme ?

Arlequin.
Arlequin, vous aimez ma femme ? Oh !…

Pierrot,
Arlequin, vous aimez ma femme ? Oh !… Je le sai…
Ne vous défendez pas, mon cher… Elle est charmante…
Arlequin, jurez-moi d’épouser votre amante ;
Si l’élixir n’a pas l’effet que j’en attends ;
Mes mânes sur ma tombe erreront plus contents.

Arlequin.
Oui, je l’épouserai.

Pierrot.
Oui, je l’épouserai. Jurez-le sur mes cendres !
Pour elle ayez toujours les égards les plus tendres !
Ne la battez jamais… que quand vous serez gris…
–––Arlequin, pendant ce discours, tire le flacon de la poche de
–––de Pierrot, boit l’élixir et met à la place la souris qui est dans la
–––boite, au seuil de la maison de Colombine.

Arlequin, à part.
Le tour est fait, et toi, ma petite souris,
Changeant de possesseur comme de souricière,
Au lieu de l’élixir, coule-toi dans ce verre.

Pierrot.
Ne m’abandonne pas à l’instant solennel !
En buvant je remeurs ou deviens éternel !
Salut, ou bien adieu, ciel à la voûte bleue !
–––––––––––––Il boit.
Quel prodige !… le baume avait donc une queue ?… ––
Je la sens frétiller dans ma bouche !…

Arlequin.
Je la sens frétiller dans ma bouche !… Pierrot,
Lorsque vous avalez vous vous dépêchez trop…
Vous venez d’opérer…