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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/235

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L’habit qui sert au bal comme à l’enterrement.
Il vient à l’Opéra, grave, en cravate blanche,
Gants blancs, souliers vernis, et du balcon se penche ;
Hamlet du trois pour cent, ayant mis un faux nez,
Il débite son speech aux titis avinés.
L’outrance, l’ironie et l’acre paroxysme,
L’illusion broyant les débris de son prisme,
Tous les moxas brûlants qu’applique à son ennui
La génération qui se nomme Aujourd’hui,
Mêlent leur note aiguë à l’étrange harangue
Dont la vieille Thalie entendrait peu la langue,
Dialecte bizarre, argot spirituel
Où de toutes ses dents rit le rire actuel !
Si le théâtre est fait comme la vie humaine,
Il se peut qu’un vrai bal y cause et s’y promène.
Or donc, excusez-nous d’être de notre temps,
Nous autres qui serons des types dans cent ans.
Pendant que la parade à la porte se joue,
Le drame sérieux se prépare et se noue,
Et quand on aura vu l’album de Gavarni,
L’action surgira terrible…

UN MASQUE, l’entraînant.

L’action surgira terrible…As-tu fini !