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de Loys, sort de sa maisonnette, accompagné de son écuyer Wilfrid. Wilfrid semble conjurer le duc de renoncer à un projet secret ; mais Loys persiste, il montre la demeure de Giselle. Ce simple toit couvre celle qu’il aime, l’objet de son unique tendresse. Il ordonne à Wilfrid de le laisser seul. Wilfrid hésite encore, mais sur un geste de son maître, Wilfrid le salue respectueusement, puis s’éloigne.

Hilarion est resté stupéfait en voyant un beau seigneur comme Wilfrid témoigner tant d’égards à un simple paysan, son rival. Il paraît concevoir des soupçons qu’il éclaircira plus tard.

SCÈNE IV

Loys, ou plutôt le duc Albert, s’approche de la chaumière de Giselle, et frappe doucement à la porte. Hilarion est toujours caché. Giselle sort aussitôt et court dans les bras de son amant. Transports, bonheur des deux jeunes gens. Giselle raconte son rêve à Loys ; elle était jalouse d’une belle dame que Loys aimait, qu’il lui préférait.

Loys, troublé, la rassure ; il n’aime, il n’aimera jamais qu’elle. « C’est que si tu me trompais, lui dit la jeune fille, je le sens, j’en mourrais. » Elle porte la main à son cœur comme pour lui dire qu’elle en souffre souvent. Loys la rassure par de vives caresses.

Elle cueille des marguerites et les effeuille pour s’assurer de l’amour de Loys. — L’épreuve lui réussit et elle tombe dans les bras de son amant.

Hilarion n’y résistant plus, accourt près de Giselle et lui reproche sa conduite. Il était là : il a tout vu.

« Eh ! que m’importe ? répond gaiement Giselle, je n’en rougis pas, je l’aime, et je n’aimerai jamais que lui… »