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SCÈNE XI

Une marche commence. La vendange est faite. Un char, orné de pampres et de fleurs, arrive lentement, suivi de tous les paysans et paysannes de la vallée avec leurs paniers pleins de raisins. Un petit Bacchus est porté triomphalement à cheval sur un tonneau, selon la vieille tradition du pays. On entoure Giselle. On la déclare reine des vendanges… On la couronne de fleurs et de pampres. Loys est plus amoureux que jamais de la jolie vigneronne. La plus folle joie s’empare bientôt de tous les paysans.

On célèbre la fête des vendanges !… Giselle peut maintenant se livrer à son goût favori ; elle entraîne Loys au milieu de la troupe des vendangeurs, et danse avec lui, entourée de tout le village, qui se joint bientôt aux jeunes amants, dont le pas se termine par un baiser que Loys donne à Giselle… À cette vue, la fureur, la jalousie de l’envieux Hilarion n’ont plus de bornes… Il s’élance au milieu de la foule et déclare à Giselle que Loys est un trompeur, un suborneur, un seigneur déguisé !… Giselle, émue d’abord, répond à Hilarion qu’il ne sait ce qu’il dit, qu’il a rêvé cela… « Ah ! je l’ai rêvé, continue le garde-chasse… Eh bien, voyez vous-même, s’écrie-t-il en découvrant aux yeux des villageois l’épée et le manteau de Loys. Voilà ce que j’ai trouvé dans sa chaumière… Ce sont là des preuves, j’espère ? »

Albert, furieux, s’élance sur Hilarion, qui se cache derrière les villageois.

Giselle, frappée de surprise et de douleur à cette révélation, semble recevoir un coup terrible et s’appuie contre un arbre, chancelante et prête à tomber.

Tous les paysans s’arrêtent consternés ! Loys, ou plutôt