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SCÈNE XIII

Wilfrid accourt. Le fidèle écuyer précède le prince, Bathilde et une suite nombreuse ; il les ramène près d’Albert, espérant que leurs efforts seront plus puissants que les siens pour l’arracher à ce lieu de douleur.

Tous s’arrêtent en l’apercevant. Albert s’élance vers son écuyer pour le retenir. Pendant ce temps la Wili touche à ses derniers instants : déjà les fleurs et les herbes qui l’entourent se relèvent sur elle, et la couvrent de leurs tiges légères… une partie de la gracieuse apparition est déjà cachée par elles.

Albert revient, et reste frappé de surprise et de douleur en voyant Giselle s’affaisser peu à peu et lentement au milieu de ce vert tombeau ; puis, du bras qu’elle conserve libre encore, elle indique à Albert la tremblante Bathilde, à genoux à quelques pas de lui, et lui tendant la main d’un air suppliant.

Giselle semble dire à son amant de donner son amour et sa foi à la douce jeune fille… c’est là son seul vœu, sa dernière prière, à elle qui ne peut plus aimer en ce monde ; puis, lui adressant un triste et éternel adieu, elle disparaît au milieu des herbes fleuries qui l’engloutissent alors entièrement.

Albert se relève avec une vive douleur ; mais l’ordre de la Wili lui semble sacré… Il arrache quelques-unes des fleurs qui recouvrent Giselle, les presse sur son cœur, sur ses lèvres, avec amour ; et faible et chancelant, il tombe dans les bras de ceux qui l’entourent en tendant la main à Bathilde !!!

FIN DE GISELLE.