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ACTE PREMIER

Le théâtre représente une salle du harem d’une riche architecture arabe. De chaque côté retombent des portières en tapisserie. Des fleurs sont placées dans de grands vases du Japon. Au fond, un jet d’eau pousse vers la voûte son filet de cristal. Sur le devant, à gauche du spectateur, est disposé un divan couvert d’une peau de lion. La scène est au Caire.


SCÈNE PREMIÈRE

Au lever du rideau, les odalisques sont occupées à leur toilette, agenouillées ou assises sur des carreaux. Les unes entremêlent leurs longues nattes de sequins et de fils d’or, les autres teignent leurs sourcils et leurs paupières avec le henné ; celles-ci s’attachent des colliers, celles-là font voltiger le bout de leurs écharpes au-dessus de la pierre des parfums, afin de s’imprégner de la vapeur odorante. — La sultane favorite, Nourmahal, se regarde complaisamment dans un riche miroir soutenu par des esclaves. Le chef des eunuques, Roucem, va de l’une à l’autre, leur donnant des conseils, les engageant à redoubler de grâces et de coquetterie, et, joignant l’exemple au précepte, il minaude et prend des airs séducteurs ; car Achmet, le maître du sérail, semble ennuyé de ses plaisirs, et Roucem, ministre de ses voluptés, ne sait plus comment ranimer sa fantaisie distraite. Nourmahal elle-même, la belle Nourmahal, n’a plus de puissance sur le cœur d’Achmet.