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s’ouvriront d’eux-mêmes pour te laisser passer. Si tu me suis, la liberté, la vie, le soleil, les trésors à pleins coffres, tout ce qu’on peut rêver de plaisirs et de bonheur, de voluptés éternelles. Si tu restes, un supplice épouvantable, et pour qui ? pour une femme, pour une simple mortelle, dont la beauté ne doit durer qu’un jour, et qui ne sera bientôt qu’une pincée de poussière. Je t’aime et je suis jalouse de cette Léïla, rends-la à son maître, qui la punira comme elle le mérite pour s’être échappée de son sérail ; je t’emmènerai dans mon royaume féerique et je te ferai asseoir à mes côtés sur un trône de diamant. — La Péri veut s’assurer par cette dernière épreuve des sentiments d’Achmet, qui refuse le bonheur et la puissance à de pareilles conditions. — Voyant qu’elle ne peut rien obtenir, elle se retire en affectant une colère dédaigneuse.

SCÈNE IX

Le pacha vient une dernière fois sommer Achmet de livrer l’esclave, et, sur son refus, il commande aux bourreaux de le saisir et de le lancer par la fenêtre, le long de la muraille hérissée de crochets de fer disposés de façon à retenir et à déchirer les corps que l’on jette de l’intérieur de la tour dans le fossé. — À peine Achmet a-t-il disparu dans le gouffre, que les murs de la prison s’évanouissent, des nuages se lèvent portant des groupes de Péris : le ciel s’ouvre, et l’on aperçoit un paradis musulman, merveilleuse et fantastique architecture dont Achmet divinisé monte les degrés étincelants en tenant la main de celle dont il est désormais inséparable.


FIN DE LA PÉRI.