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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/318

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tout heureuse et toute fière de l’adresse de son amant et de la parure qu’elle porte, plaisir nouveau pour sa simplicité villageoise ; elle abandonne sa jolie main à François comme pour lui demander pardon du tourment qu’elle lui a causé, et Job s’étonne de voir tout à coup si distraite et si froide pour lui, celle qui tout à l’heure lui faisait sa plus coquette révérence et son plus frais sourire. Il ramasse piteusement son bouquet oublié et tombé à terre, ne comprenant rien au cœur des femmes.

Au tir de l’arbalète succède le jeu des ciseaux ; ce jeu consiste à couper, les yeux bandés, un ruban auquel est suspendue toute une riche toilette de femme. Les jeunes filles, un mouchoir sur le nez, comme les amours dans les dessus de portes mythologiques, voltigent et tracent des méandres, les bras tendus en avant, faisant grincer l’acier dans le vide et ne coupant que l’air avec leurs ciseaux. Pâquerette, qui reçoit le bandeau à son tour et tente l’expérience la dernière, est plus heureuse que ses compagnes, elle rencontre le fil, le tranche et le prix tombe à ses pieds ; le ramasser et l’emporter dans sa maison est pour Pâquerette l’affaire d’une minute. Elle fuit à tire-d’aile sur la pointe de ses petits pieds, tant elle est impatiente de se revêtir de sa nouvelle parure. N’oublions pas une gaucherie de Job, qui, en voulant s’exercer aussi au jeu des ciseaux, a coupé, au lieu du fil, la vénérable queue de monsieur son père.

Pendant que Pâquerette s’habille, un cortège débouche sur la place, musique en tête avec fanfares et acclamations. C’est une procession dans le goût flamand, composée de quatre chars symboliques représentant les quatre Saisons, et ornés d’attributs significatifs, tels que fleurs, épis, pampres et rameaux argentés de givre. Chaque char dépose les personnages dont il est chargé. La foule se range et quatre entrées de ballets figurent les quatre époques de l’année.

On voit d’abord des laboureurs qui s’alignent, et, posant