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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/329

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protecteur ; cette petite est venue pour moi et je ne souffrirai pas qu’on la moleste.

François, outré de fureur et de jalousie, s’emporte contre le maréchal des logis, qu’il accable d’invectives et de menaces, l’appelant traître, menteur, misérable.

Vous oubliez que vous parlez à votre supérieur et que vous me devez du respect, dit le maréchal des logis d’un air majestueux. François, de plus en plus exaspéré, tire son sabre et veut en frapper Bridoux. Des soldats et un brigadier surviennent. Bridoux s’écrie : « Je vous prends à témoin de l’acte d’insubordination qui vient d’avoir lieu. Empoignez-moi ce drôle et me le fourrez au cachot en attendant que l’on avise à ce que l’on fera de lui. — Les soldats s’emparent de François, le désarment et l’emmènent. — Pâquerette fond en larmes.

Attirée par le bruit de cette scène, Catherine est rentrée, et, s’approchant de Ja jeune fille, elle lui dit : Malheureuse ! voilà le résultat de vos coquetteries ! ce garçon-là sera peut-être fusillé !

— Fusillé, grand Dieu ! cela n’est pas possible ! N’est-ce pas, monsieur le maréchal des logis ?

— Parfaitement possible et même désirable au point de vue de la discipline, répond Bridoux en se rengorgeant.

— Sauvez-le, monsieur le sergent, dit Pâquerette en joignant les mains.

— Cela ne dépend pas de moi ; il a levé la main sur son supérieur. La discipline avant tout ! On est très-sévère dans le Royal-Cravate.

— Ô monsieur ! si vous empêchez François d’être fusillé, je vous aimeiai bien, dit Paquerelte, qui a compris avec son instinct de femme qu’il fallait employer toutes ses coquetteries et toutes ses réductions pour faire évader son amant.

— Vous m’aimerez bien,c’est très-gentil, reprend Bridoux, mais il me faut des preuves : un maréchal des logis est un