Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/331

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si une jeune fille, revêtue d’habits masculins, ne s’est pas introduite dans la caserne. — Oui, elle était là il n’y a qu’un instant. — Grands dieux ! serait-elle déjà repartie ? — Non, elle va revenir tout à l’heure. Mais qui êtes-vous pour vous intéresser ainsi à elle ? que lui voulez-vous ? — Je suis de son village et je l’aime. J'ai suivi sa trace jusqu’ici. — Eh bien, vous la verrez, répond la cantinière, elle sera ici à sept heures.

En ce moment, François montre sa tête aux barreaux de la prison pratiquée sur un des côtés de la scène ; Job l’aperçoit et se réjouit de l’incarcération de son rival ; il aura ainsi le champ libre pour ses déclarations galantes et ses entreprises amoureuses, et il sort en exprimant sa joie par des grimaces burlesques. À sept heures il sera là, et fera sa cour à Pâquerette à la barbe même de François, mis en cage comme une bête féroce. Cette sorte de hardiesse sourit beaucoup à Job, qui n’est pas brave, comme on sait.

Bridoux rentre et tâche d’écarter Catherine, qui fait une fausse sortie.

Sept heures sonnent. Pâquerette arrive vêtue en femme et portant un paquet qu’elle jette à François, par les barreaux, pendant que Bridoux a le dos tourné.

Ici commence un pas, mêlé de pantomime, où chacun des partenaires poursuit l’idée qui l’occupe. Bridoux veut embrasser Pâquerette. Pâquerette veut prendre la clef de la prison renfermée dans la poche de la veste de Bridoux.

Pour suivre la jeune fille dans ses évolutions rapides, le sergent, qui n’est pas un sylphe, ôte sa veste, qui le gêne, et la jette sur un banc dont Pâquerette se rapproche par une suite de pas furtifs et de poses coquettes. Dans un bond léger elle fait glisser la veste à terre, et en s’agenouillant pour la ramasser, elle tire de la poche la précieuse clef ; la ciel des champs pour François.

Quand elle la tient, elle refuse de se laisser embrasser par Bridoux, qui pour ménager la pudeur