Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/370

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Elle va, penchant sur les fleurs des madhavis et des sirichâs les urnes que lui présentent ses amies Priyamwada et Anousouya. Tout à coup, du calice d’une malicâ s’élance une abeille qui voltige autour de la jeune fille la prenant pour une autre fleur. Sacountalâ, redoutant l’aiguillon de l’abeille, cherche à l’éviter ou à la chasser.

Ses bonds effrayés la conduisent près du temple, d’où sort Douchmanta, qui fait fuir l’abeille et retient sur son cœur Sacountalâ palpitante. De sa retraite, le roi a observé les grâces de la jeune fille, et il sent l’amour s’emparer de son âme.

La présence subite de Douchmanta étonne les jeunes filles, et rend Sacountalâ confuse ; elle reste rougissante et les mains croisées sur sa poitrine, mais déjà troublée par la beauté et l’air noble de l’étranger.

Sacountalâ, un peu remise de sa frayeur, interroge Douchmanta. Le roi lui répond qu’il est un jeune brahmatchari (élève brahme), qui vient étudier les Vêdas (livres saints) dans la retraite des pieux solitaires. Comme il a dépouillé les insignes de la royauté, cette réponse n’a rien que de plausible.

Dès cet instant, Douchmanta est admis comme un hôte dans la forêt sacrée. Sur l’ordre de Sacountalâ, Priyamwada, Anousouya et leurs compagnes, après avoir conduit le roi à un banc de mousse, lui présentent des corbeilles de fleurs et de fruits ; Sacountalâ va elle-même puiser de l’eau, et l’offre à Douchmanta, dans une écorce de grenade.

Pendant qu’on lui rend tous ces soins, le roi fixe sur la jeune fille des yeux enflammés ; il se lève, se rapproche d’elle, et veut lui exprimer sa passion. Sacountalâ l’évite avec une coquetterie pudique, mais il finit par la rejoindre, et danser avec elle un pas de deux, qu’il termine en la pressant sur son cœur, comme ivre d’amour.