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SCÈNE V

Un des chasseurs portant l’arc du roi entre sur la scène ; il s’incline devant Douchmanta, et lui dit qu un éléphant furieux ravage la forêt. Les flèches du roi, qui n’ont jamais manqué leur but, peuvent seules en avoir raison. À lui appartient l’honneur d’abattre le monstre. Douchmanta saisit l’arc, et s’éloigne en faisant signe à Sacountalâ et aux jeunes filles qu’il reviendra bientôt.

SCÈNE VI

Le roi parti, Sacountalâ redescend la scène, toute pensive. Elle porte la maîn à son cœur comme pour en comprimer les battements. L’amour qui l’agite lui fait peur ; celui qu’elle prenait pour un simple brahmatchari est un roi puissant. De retour à son palais, sans doute il oubliera bientôt l’humble fille rencontrée dans la forêt des ermites. Accablée par cette idée douloureuse, elle se laisse tomber sur un banc de gazon ; ses compagnes t’entourent et tâchent de la rassurer ; elles la complimentent sur l’amour qu’elle a inspiré au roi ; mais Sacountalâ, oppressée et brûlante, cache sa tête dans ses mains. Pour calmer la fièvre à laquelle elle est en proie, ses amies l’éventent doucement, lui jettent des fleurs fraîches, et, voyant le sommeil descendre sur ses yeux, s’éloignent avec précaution sur la pointe du pied.