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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/63

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il est vrai qu’elle m’a reçu fort durement. — Être chassé, ou ne pas être admis, les chances sont égales ; — je reste. — Mon Dieu, qu’en ce siècle de corruption il est difficile d’avoir une affaire de cœur !

LE CHEVALIER.

Allons, Florine, ne nous tiens pas rigueur ; il n’est pas dans tes habitudes d’être cruelle.

FLORINE.

Vous aimez vous faire répéter les choses : — ma maîtresse est chez elle, c’est vrai, mais c’est comme si elle n’y était pas. Madame ne veut recevoir personne, ni aujourd’hui, ni demain, ni après ; c’est une chose résolue ; nous voulons vivre désormais loin du bruit et du monde, dans une solitude inaccessible.

LE DUC.

Traderi-dera, — nous y mettrons bon ordre ; nous n’avons pas envie de mourir d’ennui tout vifs. Nous poursuivrons Célinde jusqu’au fin fond de sa Thébaïde. — Que diable ! après avoir montré à ses amis un si joli visage pétri de lis et de roses, on ne leur fait pas baiser une figure de bois de chêne étoilée de clous d’acier.

LE COMMANDEUR.

Célinde, la perle de nos soupers ! Célinde qui trempait si gaillardement ses jolies lèvres roses dans la mousse du vin de Champagne moins pétillant qu’elle !

LE MARQUIS.

Célinde qui chantait si bien les couplets au dessert, qui nous amusait tant ! Célinde, ce sourire de notre joie, cette étoile de nos folles nuits !

LE CHEVALIER.

Elle se retire du monde !

LE DUC.

Elle se fait ermite et vertueuse !