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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/75

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Scène V

Un mois après. — Un ermitage près de Montmorency.


SAINT-ALBIN, CÉLINDE.
SAINT-ALBIN.

Comment vous habillerez-vous pour aller à cette fête champêtre ? Il y aura quelques femmes de la ville. Mettrez-vous vos diamants ?

CÉLINDE.

Les fleurs des champs formeront ma parure. Je ne veux pas de ces ornements fastueux, qui me rappelleraient ce que je dois oublier. J’ai renvoyé les écrins à ceux qui me les avaient donnés.

SAINT-ALBIN.

Sublime désintéressement ! — (À part.) C’est dommage, j’aime les folles bluettes que les belles pierres lancent aux feux des bougies. — (Haut.) Et vos dentelles ?

CÉLINDE.

Je les ai vendues, et j’en ai donné l’argent aux pauvres. Elles se seraient déchirées aux ronces des buissons, aux piquants des églantiers.

SAINT-ALBIN.

Des dentelles font bien au bas d’une robe.

CÉLINDE.

Irai-je traîner des falbalas dans la rosée des prairies ? Un fourreau de toile anglaise rayée de rose, un chapeau de paille sur l’oreille, voilà ma toilette.

SAINT-ALBIN.

Il faudra vous farder un peu ; je vous trouve pâle.