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Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/78

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CÉLINDE.

Mais elle n’est pas seulement en dehors ; elle a volé deux balustres à quelque balcon pour s’en faire des jambes.

FLORINE.

M. de Vaudoré fait des folies pour elle ; il lui a donné un hôtel dans le faubourg, une argenterie magnifique de Germain, et, l’autre jour, elle s’est montrée au Cours-la-Reine en voiture à quatre chevaux soupe-de-lait, avec un cocher énorme, et trois laquais gigantesques par derrière. Un train de princesse du sang !

CÉLINDE.

C’est une horreur ! un morceau de chair taillé à coups de serpe !

FLORINE.

Quand je pense que madame, qui est si bien faite, s’est ensevelie toute vive dans un affreux désert par amour pour un petit jeune homme, assez joli, il est vrai, mais sans la moindre consistance…

CÉLINDE, effrayée.

Florine, Florine, regarde !

FLORINE.

Qu’y a-t-il ?

CÉLINDE.

Un crapaud qui est entré par la porte ouverte, et qui s’avance en sautant sur le parquet.

FLORINE.

L’affreuse bête ! avec ses gros yeux saillants, il ressemble à faire peur à M. de Vaudoré.

CÉLINDE.

Je vais m’évanouir ; Florine, ne m’abandonne pas dans ce péril extrême.

FLORINE.

Où sont les pincettes, que je l’attrape par une patte, et que je le jette délicatement par-dessus le mur ?