Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/92

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Georges.

Arrachez-le. C’est fait.Je ne vois, c’est honteux,
Dans ce lieu que mon cœur voudrait plein de merveilles,
Qu’un printemps négligé fait de fleurs déjà vieilles.

Dafné.

Des fleurs de ce matin !

Georges.

Des fleurs de ce matin !Qu’on dirait d’hier soir.
J’ôte aux mains de Dickson la bêche et l’arrosoir ;
Un autre désormais prendra soin de la serre.
Pour mon Ève, il me faut un paradis sous verre.
Ce salon est affreux.

Dafné.

Ce salon est affreux.Ce salon tout doré ?

Georges.

L’architecte est un sot et je le changerai ;
Il ne m’a pas compris ; c’est froid, vide, sans âme :
Un salon de banquier et non de jeune femme.

Dafné.

Monsieur est difficile.

Georges.

Monsieur est difficile.À mon rêve d’amant
J’aurais voulu pouvoir construire un nid charmant.
Ce luxe est sans esprit, ces tentures sont bêtes ;
Pourquoi les tapissiers ne sont-ils pas poëtes ?
Mon Dieu ! que ces rideaux font de stupides plis !
Il aurait fallu là des pétales de lis,
Et non ce lourd damas à vingt-cinq francs le mètre.
À la place indiquée, a t-on eu soin de mettre
Le piano d’Érard et les partitions ?

Dafné.

Oui.

Georges.

Oui.Les livres sont-ils rangés sur les rayons ?