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Page:Gautier - Un trio de romans, Charpentier, 1888.djvu/278

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II


Ce qui fut dit fut fait : l’on attela les quatre chevaux soupe de lait à la calèche lilas tendre, vernie par Martin, qui, par sa coupe, représentait la conque de Vénus.

La marquise étala ses grâces languissantes sur les coussins de velours blanc. Le chevalier dit des choses de l’autre monde en termes d’une singularité piquante et d’un inattendu merveilleux : il déchira le tiers et le quart, la cour et la ville, raconta des histoires scandaleuses avec des détails d’une vivacité incroyable et juste assez gazés pour ne pas forcer la pudeur de la marquise à se réfugier derrière l’éventail.

Le commandeur allait commencer le récit d’une de ses bonnes fortunes avec une demoiselle de l’espalier, mais il s’arrêta à temps. Le financier ne fut que suffisamment stupide pour l’emploi.

Le cocher coupa toutes les voitures avec une insolence inouïe, et qui sentait son cocher de bonne maison, sûr de ses maîtres. Tout alla au mieux. Le garde s’était surpassé ; les mets furent déclarés exquis, et les vins de choix, par l’abbé, qui se piquait d’être gourmet et de ne laisser point surprendre sa religion en pareille matière.

À l’Opéra, les Indes galantes furent chantées avec moins de cris que d’habitude, grâce aux critiques de Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève, qui avait tympanisé dans ses écrits le urlo francese ; et les danseurs exécutèrent un ballet où le sentiment de l’amour était peint par des attitudes voluptueuses, mais