laquais par derrière, les roues, les moyeux, les marchepieds étaient autant de détails recherchés et finis, qu’on ne pouvait se lasser de contempler, et qui portaient l’empreinte des grâces de la divinité d’un char aussi voluptueux.
Chacun, en le voyant passer, s’écriait que jamais les arts n’avaient été poussés à ce degré de perfection, et que la galanterie ne pouvait aller plus loin.
Ce fut dans ce superbe équipage que Rosette se rendit à l’hôtel de Candale, faisant l’admiration des hommes et le désespoir des femmes, qui s’indignaient de ce qu’une espèce affichât un tel luxe, lorsque elles-mêmes étaient forcées de marcher à pied ou de se faire voiturer dans des carrosses de l’autre siècle, aussi surannés que ridicules, mais bien dignes de charrier ces laiderons rechignés et ces vertueuses momies.
Le suisse, colossal et convenablement vermillonné et bourgeonné, secouant la poudre de sa perruque à chaque mouvement, et faisant osciller sur le dos de sa livrée son énorme queue garnie d’un crapaud, ouvrit la porte avec empressement, et le vis-à-vis, traîné par quatre magnifiques chevaux aux crinières nattées de rose et d’argent, tourna dans la cour sablée et vint s’arrêter devant le vestibule de l’escalier qui égalait celui d’un château royal, pour la majesté et le grand goût de la décoration.
Là, un valet de pied, assis sur une banquette, et jouant aux cartes avec un piqueur, répondit au laquais de Rosette que le vicomte de Candale n’y était point.
Peu contente de cette réponse, qui déconcertait ses plus chères espérances, Rosette fit approcher le valet de pied et le voulut interroger elle-même.
« Lafleur ou Labrie ? dit-elle d’un ton interrogatif.
— Lafleur, pour vous servir, madame, répondit le valet en saluant.