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Page:Gautier - Un trio de romans, Charpentier, 1888.djvu/365

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Pour laisser un signe de sa venue, elle défit un superbe bracelet ornée d’un camée représentant Terpsychore dansant, tandis qu’Euterpe joue de la flûte, et le posa sur un oreiller du sopha, de façon à ce qu’il pût être vu et trouvé facilement ; mais elle se retira après avoir regardé à sa montre l’heure qu’il était, comme quelqu’un qui ne peut plus attendre.

« Je reviendrai, dit-elle au laquais.

— C’est bien, madame, » répondit-il en s’inclinant.

En sortant de la petite maison, elle se fit conduire chez la Guimard, où le vicomte de Candale fréquentait ; et qui aurait pu lui en donner des nouvelles, mais la célèbre danseuse n’avait pas vu Candale depuis le souper.

M. de Valnoir l’avait vainement cherché pour une fête qu’il donnait et où l’on devait jouer une parade amphigourique de Collé, des plus libres et des plus divertissantes.

Rosette rentra chez elle fort mécontente et fort triste. Elle n’avait plus qu’une chose à faire, attendre que le vicomte, mû de quelque résipiscence galante, la vînt trouver de lui-même, parti mélancolique et piteux qu’une amoureuse ne saurait admettre.

Le lendemain, elle retourna à la petite maison du faubourg et retrouva son bracelet à l’endroit où elle l’avait mis, preuve de la sagesse de Candale.

La chose devenait grave : un vicomte de vingt-cinq ans, beau, riche… et sage. Cela n’était pas naturel.

Il devait y avoir quelque passion là-dessous ; le bonheur peut seul distraire du plaisir.

Après avoir erré une demi-heure dans cette solitude voluptueuse dont il lui eût été si doux de profiter, Rosette se retira à la grande surprise du grison qui ne pouvait comprendre que son maître manquât de la sorte deux rendez-vous qui devaient être agréables.

Il eût compris qu’il ne fût pas venu au second, mais