de ces sortes d’escapades. D’ailleurs, vous verrez bien que non, dit en riant Mme de Champrosé.
Mon histoire est la vôtre : un caprice m’a fait prendre, un soir d’ennui, ce travestissement de Jeannette, sous lequel j’ai eu le bonheur de me faire aimer de vous.
Dans le monde, dominés par la mode et la frivolité, nous n’aurions pu, à travers le tourbillon des plaisirs, démêler nos vrais caractères. Nous aurions passé l’un près de l’autre sans nous comprendre.
Le masque nous a rendus vrais. Moi qui ai la réputation d’une femme à la mode maniérée et piquante, je suis simple et vraie, la nature seule me touche.
Et vous, malgré votre réputation de petit-maître et d’homme de bonne fortune, vous êtes tendre et candide. N’en disons rien à personne, et soyons toujours l’un pour l’autre Jean et Jeannette. »
Le mariage se fit dans la chapelle de l’hôtel Champrosé, et le soir, quand l’abbé vint pour rendre ses soins à la marquise, il s’étonna de voir dans le salon une figure nouvelle dont il n’augura rien de bon pour l’avenir de sa flamme, car l’inconnu était jeune, beau et magnifiquement habillé.
Pour contre-balancer l’effet du nouveau-venu, l’abbé récita à la marquise une pièce de vers sur laquelle il comptait beaucoup et qui commençait ainsi :
- Croyant voler sur une rose,
- Un papillon s’était posé,
- Tremblant, sur la bouche mi-close
- De madame de Champrosé…
« Halte-là ! mon cher poète, dit la marquise en riant, je suis bien désolée de déranger la symétrie de vos vers, mais je ne suis plus Mme de Champrosé, je m’appelle maintenant la vicomtesse de Candale, ce qui ne rime