Page:Gautier - Une larme du diable.djvu/22

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bien différent ; ce ne sont que papes, cardinaux, empereurs, rois, princes, dames de haut parage, poëtes, savants, courtisanes, saints du calendrier ; la société est la plus réjouissante du monde et l’on ne saurait en trouver une meilleure.

LE BON DIEU.

Je ne sais pas à quoi il tient, mon bel ange roussi, que je ne te précipite à cent mille lieues au-dessous du neuvième cercle d’enfer, et que je ne t’y fasse river avec des chaînes de diamant.

SATANAS.

Père éternel, tu te fâches, donc tu as tort.

LE BON DIEU.

Maudit, pourquoi as-tu fait ah ! ah ! lorsque j’ai ordonné à mes anges de chanter le Te Deum ?

SATANAS.

Par mes cornes et ma queue ! vous faites vous autres beaucoup de vacarme pour peu de chose, et en cela vous ressemblez beaucoup aux rois de la terre ; vous voilà bien fiers pour deux âmes de petites filles que je n’ai pas seulement essayé de tenter, comptant bien qu’elles me reviendraient tôt ou tard, et cela sans que je m’en mêle.