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Page:Gautier - Une larme du diable.djvu/65

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SATANAS.

Je pensais à ceci : que si j’étais vous, je n’oserais sortir ainsi dans les bois sans voile.

BLANCHEFLOR.

Pourquoi ?

SATANAS.

De peur que les abeilles ne prissent mes joues pour deux roses et mes lèvres pour une grenade en fleur ; vos dents ont l’air de gouttes de rosée et leur pourraient donner le change.

BLANCHEFLOR.

Oh ! les abeilles ne voleront pas sur mes lèvres.

SATANAS.

Les abeilles, peut-être que non, mais bien les baisers ; les baisers sont les abeilles des lèvres, ils y volent naturellement.

(Il la baise sur la bouche.)
ALIX.

Que faites-vous donc ?

SATANAS.

Je montre à votre sœur comment je ferais pour vous embrasser.

(Il l’embrasse à son tour.)