Page:Gautier - Une larme du diable.djvu/66

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ALIX, à part.

Ô suavité ! il me semble que mon âme se fonde, et le feu de ses lèvres a passé jusqu’à mon cœur.

SATANAS.

J’aurais mille choses à vous dire ; quand pourrai-je vous voir ? Quel mal y aurait-il à vous aller un soir promener au jardin et vous asseoir sous la tonnelle de lilas ? J’y vais quelquefois me reposer et rêver à celle que j’aimerai.

ALIX.

Il est si doux de respirer au clair de lune l’âme parfumée des fleurs !

SATANAS, à Blancheflor.

Votre sœur pense que je l’aime mieux que vous, mais elle a tort ; vous êtes celle que je cherchais, et il y a déjà bien longtemps que je vous adore sans vous connaître.

BLANCHEFLOR.

C’est singulier, mais je suis avec vous comme si vous étiez un ancien ami, et, quoique ce soit la première fois que je vous voie, vous ne m’êtes pas étranger : je reconnais votre figure, votre son de