Page:Gautier - Une larme du diable.djvu/68

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monde ; je couperai un morceau du soleil pour te faire une jupe de brocard, et la lune nous fournira de la toile d’argent pour la doublure.

ALIX.

Oh ! rien de tout cela, mais un baiser de ta bouche.

SATANAS.

Ô précieuse innocence ! tu n’es encore bonne qu’à étaler consciencieusement le beurre de chaque côté de la tartine et à faire des sandwichs pour le déjeuner. Il fallait prendre les diamants ; le baiser n’en eût pas été moins savoureux ; c’est du reste la première femme qui, depuis que j’exerce le métier de tentateur, ait refusé des bijoux et de l’or. L’or et la femme s’attirent comme l’ambre et la paille.

BLANCHEFLOR.

Je t’aime tant que je voudrais être toi pour ne te quitter jamais.

SATANAS.

Ange du ciel ! perle d’amour ! rougeur de la rose ! candeur du lait ! ô miel et sucre ! ô tout ce qu’il y a de pastoral et de charmant au monde !