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les postillons faisaient claquer leurs fouets, les chevaux secouaient des grappes de grelots, arrachaient du pavé des milliers d’étincelles, les roues grondaient comme le tonnerre, on était cahoté, jeté d’un angle à l’autre, agité comme dans un van. Cette réflexion m’est venue, et ma colère s’est calmée.

Une seconde réflexion s’est présentée à mon esprit : — Un vertige de rapidité s’est emparé des populations modernes : toutes les idées convergent de ce côté. La vapeur ne suffit déjà plus : — on cherche dans l’air comprimé, dans le fluide électrique, des moteurs encore plus puissants. Cruishanck, le caricaturiste, représente des voyageurs qui partent pour le Bengale, et qui se placent au centre d’une énorme bombe qu’un mortier va lancer à sa destination. En 1945, cette plaisanterie sera du plus mauvais goût. La route de l’air va bientôt être ouverte. En France, en Angleterre, plusieurs de ces fous, qu’on nomme génies lorsqu’ils réussissent, cherchent les moyens de se diriger à travers les couches atmosphériques. — Ce moyen,