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blier que je suis sur mer. — Que n’ai-je le pied assez ferme pour me lever et l’aller briser !… Damné miroir ! puisse la première femme qui se regardera dans ta glace, se trouver une rougeur sur le nez ! elle te brisera en mille morceaux. J’ai beau fermer les yeux, ses reflets louches me poursuivent et m’entrent sous les paupières comme des lames d’épée ; allons, ma pensée, courage ! ne te laisse pas vaincre ! Encore un coup d’aile, et nous arriverons triomphants au rivage !

— … Comment ! vous irez au bal par cette chaleur ?

— Apprenez, monsieur, qu’il ne fait jamais chaud pour aller au bal.

— Mais il n’y a pas assez d’air pour soulever l’aile d’une mouche ; vous étoufferez.

— Me prenez-vous pour une Anglaise qui s’empourpre après dîner, ou pour une Française trop serrée dans son corset ? Je vous ferai voir demain que je n’ai pas eu chaud ; et, croyez-en ma conscience, je ne manquerai ni une contredanse ni une valse.