Page:Gautier - Zigzags.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 239 —

daigner : la composition de ses tableaux est pleine d’habileté ; il dispose ses scènes d’une façon intelligible et dramatique ; sa couleur pâle ne manque pas d’une certaine harmonie sourde ; quelques-unes de ses têtes de femme ont un piquant qu’elles empruntent sans doute à la singularité des modes de l’époque reproduites avec une fidélité scrupuleuse. Certains masques ont la grimace bouffonne et sont d’un bon goût de caricature, bien qu’ils ressemblent plus à des acteurs comiquement grimés qu’à des visages naturels, et partout règne une humour qui nous paraît, à vrai dire, plus littéraire que pittoresque. Il nous semble qu’Hogarth n’a pas marché dans sa voie et s’est trompé de vocation ; cela arrive plus souvent qu’on ne croit. La plume lui convenait mieux que le pinceau ; il aurait été un remarquable essayiste, un parfait écrivain de mœurs.

Toutefois, tel qu’il est, Hogarth a un mérite, c’est l’originalité. Il ne ressemble à personne ; un fort parfum de terroir respire dans tout ce qu’il fait, il est gris, froid, gourmé, raide,