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domestiques, et conduit à grandes guides par-dessus votre tête. Toutes les boutiques étaient fermées, et une seconde peste semblait avoir frappé la ville. L’on ne voyait guère dans les rues que les enfants de paroisse, revêtus de leur casaque bariolée de bleu et de jaune. Je me trompe, l’on rencontrait aussi des foules de convois, car Londres garde ses morts de la semaine pour les enterrer le dimanche. C’est là le seul divertissement qu’il se permet en ce jour solennel. Les corbillards anglais ressemblent à des tapissières, les croque-morts sont vêtus de longs manteaux de deuil, et portent de grands éventails en plumes d’autruche.

Puisque nous en sommes à ce sujet lugubre ; faisons quelques réflexions sur les habitudes funéraires britanniques. À Londres, l’on enterre encore les morts dans les églises, et chaque paroisse a son cimetière, ainsi que cela était à Paris avant la révolution : il est impossible de rien voir de plus nu, de plus aride, de plus triste à l’œil et à l’âme, qu’un cimetière de Londres : c’est à donner envie de vivre. Ni clôture, ni jar-