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c’est-à-dire avec mon binocle ou avec ma lorgnette, car je craindrais que mes yeux ne me fissent des mensonges. Je n’emprunterai rien au guide du voyageur, ni aux livres de géographie ou d’histoire, et ceci est un mérite assez rare pour que l’on m’en sache gré.

Ce voyage est le premier que j’aie jamais fait, et j’en ai rapporté cette conviction, à savoir, que les auteurs de relations n’ont pas seulement mis le bout du pied dans les pays qu’ils décrivent, ou que, s’ils y ont été, ils avaient, comme l’abbé de Vertot, leur siége fait d’avance. Diverses lettres sur la Belgique que j’ai lues depuis mon retour m’ont singulièrement étonné pour la dépense d’imagination et de poésie qu’on y a fait. Assurément je n’y ai pas reconnu la contrée ni les hommes que je venais de quitter.

À présent, si le lecteur curieux veut savoir la raison pour laquelle j’ai été en Belgique plutôt qu’ailleurs, je la lui dirai volontiers, car je n’ai rien de caché pour un être aussi respectable qu’un lecteur. C’est une idée qui m’est