Page:Gautier - Zigzags.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 4 —

à toutes les diligences ; j’avais dit je ne sais combien de fois adieu aux trois ou quatre personnes que je croyais capables de s’apercevoir de mon absence ; ma sensibilité souffrait beaucoup de la répétition de ces scènes pathétiques, et je commençais à avoir mal à l’estomac, à force de boire le coup de l’étrier ; enfin un beau matin, ayant changé un assez gros tas de pièces de cent sous contre un fort petit tas de louis, je me pris au collet moi-même, et je me mis à la porte de chez moi, en enjoignant au camarade que j’y laissais, de me tirer dessus comme sur un loup enragé si je m’y représentais avant trois semaines, et je m’en fus à la fatale rue du Bouloi où était la voiture.

Il est clair que le départ d’un ami doit affecter douloureusement les âmes sensibles ; et pourtant, si vous restez après avoir annoncé un voyage, quelque chose qui ne ressemble pas mal à un mécontentement commence à se produire dans votre entourage ; il semble que vous ne soyez plus en droit de prendre le pont des Arts pour un sou et le pont Neuf pour rien. Votre