Page:Gautier - les noces de Cana de Paul Véronèse.djvu/17

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elle, un fou avance, entre deux colonnes, sa tête coiffée d’un bonnet garni de grelots et de plumes de perroquet. François 1er, casqué d’une toque bizarre, est assis à côté d’elle ; vient ensuite Marie, reine d’Angleterre, vêtue d’une robe de damas jaune, et se penchant comme pour suivre la conversation ; Soliman 1er, empereur des Turcs, est près d’un prince nègre — le Prêtre-Jean, sans doute, qui parle à un de ses serviteurs. Vittoria Colonna, marquise de Pescaire, la grande amie de Michel-Ange, joue avec un cure-dent ; à l’angle de la table, l’empereur Charles-Quint, vu de profil, porte l’ordre de la Toison. Paul Véronèse s’est représenté lui-même avec les plus habiles peintres de Venise, ses contemporains, au milieu du groupe de musiciens qui occupe le devant du tableau ; il est en habit blanc et joue de la viole ; derrière lui, le Tintoret l’accompagne avec un instrument semblable ; de l’autre côté, Titien joue de la basse ; le vieux Bassan joue de la flûte ; enfin, celui qui est debout, vêtu d’une étoffe brochée et qui tient une coupe remplie de vin, est Benedetto Caliari, frère de Paul.

C’est ce musicien, jouant de la viole, qui a inspiré à M. Antony Deschamps les beaux vers que nous avons cités plus haut.