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Le tableau des Noces de Cana était primitivement placé au fond du réfectoire du couvent de Saint-Georges-Majeur ; c’est à la suite des campagnes d’Italie qu’il vint enrichir notre Musée où se trouvaient alors réunies les quatre grandes pages dont nous avons parlé plus haut1. De ces quatre chefs-d’œuvre, les Noces de Cana sont le plus radieux ; nous qui avons admiré Paul Véronèse à Venise, aux Beaux-Arts, dans le Palais des Doges, dans l’église Saint-Sébastien, qui est comme son panthéon, nous pouvons affirmer que jamais son astre n’est monté plus haut dans le ciel des arts.

Paul Véronèse doit être mis parmi les quatre ou cinq premiers noms de la peinture, malgré l’espèce de préjugé qui semble classer au second rang les peintres de fêtes, de repas et de sujets d’apparat. Rien n’est plus grave, dans la signification de l’art, que cette peinture si gaie. Paul Véronèse n’est pas seulement un brillant coloriste, c’est aussi un grand dessinateur. Personne mieux que lui n’a établi une charpente humaine par grands plans simples à la


1 En 1815, le gouvernement autrichien, reconnaissant l’impossibilité ou tout au moins les dangers du transport de cet immense tableau, consentit à nous le laisser et à l’échanger contre une peinture de Lebrun représentant le Repas chez le Pharisien.