Page:Gautier Siraudin - Un voyage en Espagne.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

RENIFLARD.

Je m’explique maintenant un juron très-connu en France, et dont l’étymologie m’échappait.

BENITO.

Quel est ce juron ?

RENIFLARD.

Par la sambleu !… Juron Pompadour… Sembleu !… Imprécation Louis XV… C’est bien cela ; c’est bien cela… C’est étonnant, comme on s’instruit en voyageant… Mais, cependant, illustre descendant de Pélage, si vous ne cirez pas mes bottes, je serai forcé, bien à regret, de garder mes deux piécettes.

BENITO.

Tenez, seigneur, vous m’intéressez, et je veux faire une concession en votre faveur… Je cirerai la botte droite, et vous, la gauche.

RENIFLARD.

Ah !… Eh bien ! je vais vous proposer quelque chose de mieux… vous les cirerez toutes les deux.

BENITO.

Je n’en ferai rien, seigneur… Vous en cirerez une, ou j’y perdrai plutôt mon nom !

RENIFLARD.

Eh bien ! ça ne vous ferait pas de mal… de perdre un peu de votre nom… ça reposerait les oreilles de vos contemporains.

BENITO.

Écoutez, j’aime à rire, j’entends la plaisanterie, mais vous la poussez trop loin… À présent, je parlerai sérieusement. Ici, en Espagne, on n’est le domestique de personne… Ce que, vous, étranger, appelez un domestique, c’est un ami, un aide, qui veut bien vous rendre service.

RENIFLARD.

Ah bah !