Page:Gauvreau - Captive et bourreau, paru dans La Gazette des Campagnes, 1883.pdf/11

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pas là. À droite une porte encore : pas là. En face de nous, vous avez deux croisées. Pas la première à gauche, l’autre : c’est là. Vous enjambez la corniche pour tomber dans une grande salle. Au fond, une porte : c’est de l’autre côté de cette porte que la mère et l’enfant reposent. Allons ! en route maintenant.

— Tu nous parles d’enjamber, maître ; oh ! la Chouette et le Crochu connaissent cela ! va. Apprends donc à la couleuvre à marcher sous l’herbe, à l’ours à grimper dans un arbre.

— Allons ! vite, mes frères, pensez à votre récompense, et amenez le moi, mort ou vif.

— Dans deux heures ?

— Oui.

Ils se concertent du regard. Accepté, s’écrièrent-ils. Quand tu entendras le cri de l’alouette, prépare le canot, maître. Dans deux heures ! Et ils disparurent au dehors du rocher.

Laissons l’homme au visage-pâle seul, auprès du feu qu’il ne ravive pas, et suivons nos sauvages. En ce moment la mer gronde horriblement. Elle est livide, noire, creusant de vastes tombes béantes. À l’horizon l’œil rouge, blanc ou bleu des Forts profile sur les eaux un large sillon de lumière.

Les sauvages ont suivi le sentier, et les voilà rendus sous la fenêtre indiquée. Tout près d’eux reposent Alexandrine et son enfant. Un bruit sourd leur fait prêter l’oreille. C’est le râle d’un chien que la Chouette a poignardé tantôt, dans le sentier. Escaladant le revers de la corniche, la Chouette debout, sonde le carreau. Le voilà qui cède sous la