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XV

CONVALESCENCE.


Se figure-t-on l’émotion dont tout le village fut saisi, en apprenant que Mélas était l’auteur du lâche attentat qui avait failli coûter la vie à son ami George.

Pauvre mère de Mélas ! elle crut en mourir de chagrin. Comme elle fut empressée auprès de George ! Elle essayait de réparer les torts de son fils, en se multipliant, pour mieux le servir, pour lui donner du soulagement.

Quand le médecin eut constaté que l’os seul de la poitrine avait été fracturé, et que le couteau continuant sa marche, dirigé qu’il était par une main peu sûre, avait labouré les chairs, l’espoir revint au cœur de tous les parents et amis du malade qui était sans forces, tant il avait perdu du sang.

Alexandrine, sa fiancée, celle qui devait s’unir à lui dans quelques jours, se sentit au cœur une joie qu’on comprendra facilement. La transition de la douleur à la joie est si vive quand on n’a pas encore vingt et un ans, car alors on n’a pas l’expérience que la joie est un roseau fragile que le vent casse le soir pour renaître bientôt et se briser ensuite sous l’effort des tempêtes.

George était bien faible. Il lui avait fallu une constitution robuste pour résister à un pareil coup. Il était dans un état de faiblesse affreux, constam-