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près d’elle. Horreur ! Elle n’a pas la force de parler, pas plus que de crier. Le saisissement l’étouffe, et il ne s’échappe de sa bouche que des sifflements aigus. Elle tend les bras, et son regard supplie de lui rendre son enfant.

Femme ! pas un mot, ou il est mort. Et la Chouette levait sur le pauvre petit innocent son couteau encore rouge du sang du chien qu’il venait de tuer.

Que se passa-t-il dans le cœur de cette mère qui avait déjà tant souffert et dont la faiblesse commençait à céder le pas à une débilité plus grande, vu le devoir qu’elle s’était imposé de nourrir son enfant. Que ressentit-elle dans l’âme, en voyant son premier né entre les bras d’un être qui lui paraissait être Satan lui même ! Dieu le sait.

La Chouette, prompt comme l’éclair qui fend la nue, fuit avec son compagnon, emportant le précieux fardeau qu’il a eu soin d’emmailloter. Le voilà à travers champs, jetant à la brise qui souffle, le cri de l’alouette.

Au signal convenu, le Visage pâle interrompt sa marche agitée, et jetant le canot à la mer, il le maintient difficilement contre la fureur des flots. Ses deux ravisseurs arrivèrent.

— Réussi, compagnons ?

— Le vautour ne revoit plus le lieu témoin de sa défaite lorsqu’il n’a pu saisir la proie qu’il convoitait, répond la Chouette.

Aux rames, compagnons, s’écrie le Visage-pâle ;