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la balle, eut le temps de voir la Chouette sourire d’une manière moqueuse à Bison des Plaines. Un voile lui passa devant les yeux, le sang afflua chaud et bouillant au cœur, et Mélas se sentit emporté par une fureur aveuglé, au sein de la lutte acharnée. Il y eut des bras contusionnés et des jambes bleuies, les sueurs ruisselaient sur les corps mi-nus des combattants ; aussi les spectateurs ne ménageaient pas leurs applaudissements.

Depuis assez longtemps Mélas suivait la Chouette des yeux contre qui toutes ses idées de vengeance étaient tournées. À un moment donné, à l’heure où l’excitation était à son comble, une crosse fend l’air et se rabat avec violence. Le manche ramené fortement en arrière a frappé la Chouette en pleine poitrine, qui roule sur le sol. Ce fut un cri général, et la balle élevée dans les airs, retomba sans qu’aucune crosse ne vint en disputer la possession.

Déjà on s’empresse auprès de la Chouette, pour le porter au village. Il est inanimé, les yeux à moitié fermés ; une écume rougeâtre ensanglante le bord de ses lèvres : Aurait-il quelque vaisseau rompu dans l’estomac ? Le coup avait dû être porté dans ce dessein.

Bison-des-Plaines fut un des premiers rendu auprès du blessé. Le Crochu, simple spectateur, avait vu le manège du Hibou, aussi avait-il tout conté à Bison-des-Plaines qui savait à quoi s’en tenir, car il connaissait dans cette lâche action la main du Visage-pâle ; et lors même que le Crochu n’aurait pas parlé il s’en serait douté.

Bison-des-Plaines avait dit : La Chouette a parlé ; c’était assez pour exciter la colère prompte du Hi-