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Ceci avait lieu quelques mois après les événements de 1837-38, pendant lesquels Mélas, blessé, avait été recueilli par la sentinelle, son ami, et emporté loin du champ de bataille où les Anglais étaient vainqueurs.


XV

LE MUTILÉ.


La maison de George Dubois a pris un air de fête inaccoutumé ; elle, autrefois si morne, si sombre qu’on aurait dit une prison ténébreuse sur le seuil de laquelle se serait assis l’ange de la douleur, resplendit à cette heure, et des flots de lumière s’en échappent par toutes les issues.

C’est le soir du jour qui vit Laurent uni pour jamais à celle qu’il appela d’abord du doux nom de Fleur-du-mystère et qu’il appelle à présent Armande, son épouse à jamais inséparable. C’est une réjouissance générale ; elle a gagné tous les rangs, et ceux qui n’ont pas pu être de la noce sont venus du moins au temple pour y offrir leurs vœux et leurs prières pour le bonheur de ce nouveau couple.

Pénétrons un instant, plus longtemps si vous le voulez, dans les vastes salles de la maison de George, où tous les cœurs surabondent de joie et d’allégresse, où toutes les âmes sont sous l’empire d’un même sentiment, d’une même impression : gaieté franche, amusements chrétiens.

En entrant, tout d’abord ; un vaste appartement bien illuminé où jasent les vieilles têtes de la paroisse. Graves, ils ont choisi le lieu le plus retiré pour ne pas paraître comme des ombres au fond d’un gracieux et riant tableau. Un nuage de fumée les environne de toute part, chacun y contribuant par de