Page:Gauvreau - Captive et bourreau, paru dans La Gazette des Campagnes, 1883.pdf/241

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Laurent, nos efforts ont été couronnés de succès. Il ne m’appartient plus de te dire :

Ainsi, Fleur-du-mystère,
Si tu voulais mon cœur,
Nous aurions sur la terre,
À deux, le vrai bonheur.


Mais je puis bien dire :

 
Ainsi, Fleur-du-mystère,
Puisque tu prends mon cœur,
Nous aurons sur la terre
À deux le vrai bonheur.

— Oui, mon Laurent, nous aurons le bonheur. À nous qui avons souffert, il est bien permis de goûter un peu de joie, d’avoir notre part de bonheur qu’on goûte d’autant plus que nous avons eu des épreuves l’un et l’autre. Je sais que la vie a son bon et son mauvais côté ; qu’elle est pénible parfois, mais je serai dévoué pour toi. Pour toi, je tairai mes inclinations, pour toi je serai douce, aimante et vivant d’intérieur. Quand tu seras éloignée ton Armande attendra ton retour avec la patience de la colombe gardant toujours au fond de mon âme tout l’amour que je te porte, et tu sais s’il est fort. Quand tu seras à mes côtés, fatigué de la journée, tu auras mon cœur pour appuyer ta tête, et dans ton repos, il te dira par ses battements comme il ressent de joie à ta vue ; nous oublierons le monde et ses vaines promesses qui passent comme lui ; partagés entre le devoir et notre amour, confondus dans un même sentiment, il y aura des beaux jours pour nous. S’il vient des revers, je serai forte pour toi et avec toi, et notre amour vaincra bien des embarras.

— Oh ! comment remercier le ciel de m’avoir donné un cœur comme le tien, disait Laurent à sa chère