Page:Gauvreau - Captive et bourreau, paru dans La Gazette des Campagnes, 1883.pdf/5

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— Pour mon âge, ça ne va pas trop mal ; mais, voyez-vous, quand on a une tombe dans l’âme, ça pèse !

— Allons, mère, c’est une épreuve, ça !

— Vous en savez quelque chose vous si c’est une épreuve !

— Je l’admets, alors pourquoi n’être pas gaie comme moi ?

— Était-il votre enfant ? Alexandrine.

— Oh ! le bon Dieu m’ait en sa sainte garde, mais je ne souhaite qu’une chose : c’est qu’au plus tôt je m’en aille, et elle montrait le lieu des morts.

— On dirait, mère Vincent, que l’apparence de la tempête vous donne des idées noires.

— Parlons de lui.

— Pas de nouvelles ?

— Pas de nouvelles.

— Aucune ?

— Aucune ; et c’est ce qui me tue. Je le crois noyé, mort, perdu pour jamais. Oh ! j’en mourrai de douleur ; je suis condamné à souffrir. Eh ! je dis à Dieu : fiat, que votre volonté soit faite et non la mienne.