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dans l’interstice d’un pâle nuage d’automne. Elle vient prier pour l’absent exposé aux périls, aux tempêtes de la mer. Dieu seul et Marie la « Stella Maris » des humains, savent ce qu’endure cette jeune femme fragile comme un roseau, timide comme la gazelle des prés.

Sa prière terminée, son front est plus radieux. Elle se lève lentement et d’un pas cadencé, mais vif, elle sort. Le temps est lourd, la nature semble dormir dans un suaire glacé. Le ciel est gris-plomb. À l’horizon les derniers rayons du soleil luttent contre les nuages qui s’accumulent noirs, opaques, bas et dangereux, car ils regorgent d’électricité. Tout semble dans une prostration complète c’est la mort partout ; partout de grands corps sans vie : squelettes nus qui brisent l’âme.

Une tempête ; s’écrie la jeune femme, en franchissant le seuil du temple. Comme elle parcourait le village pour se rendre chez elle, elle rencontre la mère Vincent, bonne vieille de ses connaissances.

— Bonjour, mère Vincent ! Vous êtes bien portante ?