Aller au contenu

Page:Gauvreau - Captive et bourreau, paru dans La Gazette des Campagnes, 1883.pdf/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sitôt envolés. Ainsi va le monde. Joies, bonheurs, illusions, tout cela fait vivre et nous dit que nous sommes des pèlerins vers la sainte cité.


VIII

CALME ET TEMPÊTE.


Que la journée a été longue pour moi, chère enfant, s’écrie Madame Boildieu, en voyant arriver Alexandrine. J’ai cru mourir d’ennui. J’ai suivi des yeux la voile, et je vous ai vus revenir.

Elle n’achevait pas de parler que déjà son enfant, ivre de joie, le cœur débordant d’une sainte allégresse, sautait au cou de sa sainte mère et ne cessait de l’embrasser.

Oui, maman, quelle belle promenade nous avons faite ! Elle aurait été trop belle si tu fusses venue ; mais tu n’as pas voulu, tu as perdu beaucoup. Jamais encore je n’ai goûté pareil bonheur.

Tant mieux, Alexandrine ; ton bonheur compense mon ennui, car tes joies sont les miennes.

Chère maman ! et elle la baisait au front. Tout était pour nous : beau ciel, belle mer, bonne table, gracieux oasis, gais amis ; en un mot de l’entrain sur toute la ligne. Monsieur Mélas a paru sombre un peu, mais enfin j’ai fait de mon mieux, et il s’est amusé comme les autres.

— Et George ? dit la mère moitié sérieuse et moitié badine (car rien n’échappe à l’œil d’une mère).

— Monsieur George ? il s’est amusé comme pas un avec nos amies et moi-même, dit Alexandrine qui vint rouge à se cacher derrière l’épaule de sa mère qui comprit et se tut.

— Mais où est ton père ?

— Tiens ! il monte dans le champ avec Monsieur George. Nous avons pris le devant, nous qu’avait brûlées le soleil, lorsqu’ils se mirent à parler de