Page:Gavarni - Grandville - Le Diable à Paris, tome 1.djvu/59

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— Qui sait ? dit le petit homme : l’ignorance est peut-être une fatuité, et la pire de toutes.

« Mais revenons-en à nos moutons. Prenez un éditeur, Excellence ! Puisque c’est nécessaire, c’est qu’évidemment cela est bon à quelque chose. De deux choses l’une : ou l’œuvre que vous commencez aura un grand succès, et l’honneur vous en reviendra ; ou elle n’en aura pas, et vous aurez la consolation de vous dire que c’est la faute de votre éditeur. L’amour-propre trouve toujours son compte à mettre un intermédiaire, un tampon entre elle et le public.

« Je vous propose l’éditeur des Animaux peints par eux-mêmes.

— Il ne négligera rien pour le succès ? dit Flammèche.

— Rien, dit le petit homme, son intérêt n’est-il pas de réussir ? Comme tous ses confrères, il sait que tout n’est pas encore assez pour éveiller l’attention d’un public que mille choses à la fois sollicitent, et qui, ne sachant plus à quel livre se vouer, au milieu de l’avalanche des productions de toutes sortes qu’on lui offre, finit trop souvent, à son grand dommage, par ne plus lire du tout. Si vous avez un éditeur,


Paris sera, dans huit jours, inondé, pavé de prospectus ; les journaux seront bourrés de belles annonces où l’on ne dissimulera aucune des